Théâtre de l’Impie
La nuit du 4 au 5
Un corps dans un espace blanc qui se répand
Un corps qui ploie comme un fruit trop mûr
qui tente de se re-cueillir
Le jus qui coule entre les jambes
Un corps-victime, corps-stigmate sous injonctions
Ils ont dit déshabille-toi
Le sang est à qui
Elle a enlevé ses bottes
ses bas
son pantalon
son chandail
Le bleu est à qui
Ils lui ont dit
Tu peux garder tes bas y fait froid
OK
Elle a remis ses bas
Et la Emergency’s dress
Ils ont pris des prélèvements partout sur elle
Personne ne l’a vue tomber, mais tout le monde sait comment elle pourrait se relever.
Au Québec, 1 femme sur 3 a été victime d’une agression à caractère sexuel depuis l’âge de 16 ans. Qui sont les femmes derrière ces statistiques ? Comment arrivent-elles à survivre, à guérir de ces blessures ?
Le Théâtre de l’Impie propose une version performative du texte de Rachel Graton en entrechoquant les disciplines : danse, théâtre, musique et performance, en quête d’un langage qui lui soit propre et réellement porteur de la parole des femmes.
Création et Production - Théâtre de l’Impie
Mise en scène - Auréliane Macé
Assistance à la mise en scène - Aube Forest-Dion
Coordination de production - Marie Tan
Soutien artistique au travail corporel et au mouvement - Alice Vermandele
Scénographie - David Mendoza Hélaine
Vidéo et lumière - Natália Soldera
Son - Sarah-Anne Arsenault et Dillon Hatcher
Costumes - Aube Forest-Dion
Interprétation / performance - Lauriane Charbonneau et Lauren Hartley
Diffusion:
- Premier-Acte 2021
Nominations
Lauriane Charbonneau, Prix Nicky-Roy, Prix Théâtre 21-22
David Mendoza Hélaine et Natalia Soldera, «Meilleure conception», Prix de la critique AQCT 21-22
Lauren Hartley, «Meilleure interprétation féminine», Prix de la critique AQCT 21-22
Dans les médias
Simon Lambert . Le Devoir. 16 avril 2022
(...) Parce que pendant combien d’années a-t-on montré juste des hommes dans des pièces montées par des hommes ? Ces histoires-là d’agressions, de viols, le fait qu’on les monte en tant que femmes, qu’on les écrive en tant que femmes, ça nous permet de changer la perspective qui a été dominante pendant de nombreuses années.
La Nuit du 4 au 5 : Pour recoudre le corps disloqué
Alain Martin Richard . Revue Jeu . 19 mai 2022
(...) Auréliane Macé répartit les répliques entre deux comédiennes seulement : Lauren Hartley et Lauriane Charbonneau. Le troisième protagoniste, avec une grande puissance symbolique, issu de l’imagination de Macé et du collectif, est incarné par ces toiles blanches, diaphanes, qui viennent ponctuer chacun des six tableaux, marquant ainsi la trame psychologique de la victime. Situé de part et d’autre de cette scène dynamique, le public se fait face dans sa posture usuelle de voyeur. (...) Puis les toiles de la salle d’urgence s’animent, se referment, viennent obstruer l’espace en le scindant en deux, isolant ainsi les comédiennes chacune dans sa zone respective avec une partie du public. Celles-ci circulent en pratiquant des ouvertures, dévoilant un sous-sol, etc.
(...) En optant pour une approche performative, Macé déplace le texte de la parole vers le corps. Le public est ainsi invité à une expérience sensorielle qui dépasse la narration pour éprouver l’horreur en direct. Les tressaillements, les regards obliques, les oreilles bouchées chez les spectateurs et spectatrices en témoignaient bien le soir de la première.
(...) La Nuit du 4 au 5 est un incontournable outil de réflexion sur la violence et les agressions sexuelles comme mécanisme de délitement individuel et social. Il faut courir voir cette remarquable production
La Nuit du 4 au 5 – Mécanique du broyage au Premier Acte
Pascaline Lamare . Le bourdon du faubourg . 10 mai 2022
(...) Un texte qui fait l’effet d’un électrochoc, porté brillamment par la performance époustouflante de Laurianne Charbonneau et Lauren Hartley. (...) Leur présence occupe tout l’espace de manière incandescente et leur interprétation, intense, entière, empreinte de violence contenue offre aux spectateurs une performance à couper le souffle.
(...) Une voix stridente qui arrache les oreilles. Un tourbillon cacophonique qui raconte la catastrophe. Qui raconte une histoire de viol. Qui raconte des centaines d’histoires de viol. Des milliers d’histoires qui se ressemblent et s’entrechoquent. La pièce projette une lumière violente sur la mécanique du broyage, où les victimes se retrouvent morcelées et dépossédées de leurs propres corps.
Faire silence pour entendre l’appel
Athéna Whitton-Clément . La bible urbaine . 20 mai 2022
(...) Grâce à un dispositif ingénieux et dynamique, bien que sobre, la boîte noire du théâtre s’est transformée en une boîte blanche transformable. Là où tout peut être sali et recommencé. Auréliane Macé signe ici une mise en scène impeccable.
(...) Le duo féminin brille de son engagement dans ce spectacle et celui-ci le leur rend bien. Elles font honneur au texte de même que celui-ci et la façon dont il a été monté célèbrent leur talent. Le tout est habilement mené et déclamé avec autant de fermeté que de finesse et d’humilité.
La Nuit du 4 au 5 : Cette fille-là, en morceaux
Marrie E. Bathory • MonMontcalm. 19 mai 2022
(...) La scénographie de chaque tableau comporte des éléments dérangeants. Le public, voyeur malgré lui, se trouve alors confronté à lui-même. Lauriane Charbonneau et Lauren Hartley offrent une intense performance artistique. La fragmentation du récit, le non-sens des événements, le trop-plein et les injonctions de toute part, tout de la condition de victime d’agression se retrouve sur scène, exprimé de façon éloquente par la vidéo, le son, le mouvement, les éléments du décor.Au cœur d’un espace froid, blanc, plastique, l’art permet une puissante réaffirmation de soi, du corps, de l’intimité. C’est le début d’une résilience.
(...) Le Théâtre de l’Impie lui donne ici une forme nouvelle, mûrement aboutie (...).Et chaque personne assise dans la salle y collera les morceaux de sa propre expérience.